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LONDRES. 541

bien, toutes trois, me faire le plaisir d’y venir prendre le thé vers cinq heures..

— Nous acceptons, fis-je promptement. Le thé dans un club masculin manquait à ma collection. Merci.

— Croyez-vous que madame Nerwind voudrait être des nôtres ?

— Elle ne le pourrait pas, j’en suis certaine, répondit miss Talbot ; elle s’est déjà débarrassée de moi pour l’après-midi.

Le ton joyeux, délibéré, avec lequel M. Beaumont avait fait son invitation, me causa un secret plaisir. Il me sembla que c’était celui d’un homme qui a pris une décision, qui s’est trouvé, comme disent les Américaines, qui a vu clair en lui.

Nous nous préparâmes pour quatre heures quarante-cinq. Edith mit sa toilette la plus seyante, s’accommoda avec un soin particulier. Elle surprit dans la glace le sourire qui me vint aux lèvres et, rougissant un peu, elle se retourna vers moi :

— Les Anglais sont des créatures vaines, comme vous le dites, ils aiment qu’on leur fasse honneur.

— Parfaitement vrai, confirma Ruby. Tâchons d’être aussi bien que possible pour ce charmant Philippe Beaumont, ajouta-t-elle en donnant un nouveau coup de doigt à ses cheveux et à son chapeau.

Nous arrivâmes à l’heure dite au Wellington. Notre hôte nous conduisit dans une salle boisée à mi-hauteur, peinte en blanc, avec des rideaux rouges, un tapis de même couleur, et ornée de grandes verdures. Pas de tableaux, pas de bibelots, des meubles

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