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L'ILE INCONNUE.

le domicile paternel. Il y a des gens qui passent littéralement leur vie les uns chez les autres, des familles qui ne sont jamais seules.

En Angleterre, l’hospitalité semble vraiment obligatoire, partant très banale, mathématique presque dans son action. Elle est donnée et reçue avec une simplicité qui la rend possible à tous. L’invité entre dans le cercle de la vie de ses hôtes et ce cercle n’accélère ni ne ralentit son mouvement pour lui. Il est admis à partager leur luxe ou leur médiocrité, le roatsbeef savoureux ou le hachis économique, les divertissements coûteux ou à bon marché. En retour, on exige peu de lui. On ne lui demande ni d’être très amusant ni très brillant, mais de faire nombre. Pourvu qu’en matière d’étiquette ou de toilette il soit conformiste, on est content.

Cette institution de l’hospitalité entretient la discipline domestique, aide à la formation du caractère par l’empire sur soi qu’elle exige. Elle donne aux femmes anglaises une occupation considérable. En général, elles aiment ce rôle d’hôtesses qui leur vaut des hommages, des égards, qui leur confère un véritable pouvoir. La bourgeoise est obligée de payer de sa personne plus que la grande dame, mais elle a davantage de satisfaction. Elle éprouve un réel plaisir à préparer la chambre de celui-ci ou de cellelà, à décorer sa maison, à piquer des nœuds un peu partout ; elle est enchantée d’exhiber son linge, son argenterie. A la tête de sa table joliment ou richement dressée, en toilette du soir, avec des convives à sa gauche et à sa droite, elle se sent quelqu’un et la sensation est toujours agréable. Elle aime encore