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L'ILE INCONNUE.

Saint-Olaf.

Le besoin de changement et l’instinct de l’hospitalité sont les caractéristiques les plus remarquables de nos voisins, celles qui les différencient davantage de nous.

Il faut qu’ils changent de vêtements, de pièce, d’air, de maison, de pays. Ces changements sont probablement nécessaires à leur race. La nature les obtient au moyen de la vanité, du snobisme, d’une intuition particulière de l’hygiène. A moins que les Anglais ne soient très pauvres, ils ne garderont jamais toute la journée les mêmes habits et les mêmes chaussures. La petite bourgeoise veut avoir un salon pour le’ matin, où elle se tiendra jusqu’à l’heure du déjeuner. Les architectes savent en aménager dans les cottages les plus modestes.

En Angleterre, du matin au soir, du soir au matin sans doute, on conjugue à tous les temps et à toutes les personnes le verbe « avoir besoin d’un changement ». « J’ai besoin d’un changement, vous avez besoin d’un changement. » Cette phrase qui reient dans toutes les conversations m’a longtemps horripilée. Elle est maintenant pour moi une révélation très intéressante.

Les Anglais sont des insulaires ; en conséquence, ils ne peuvent se suffire ni matériellement ni intellectuellement. L’océan qui les environne de tous côtés provoque à la longue en eux, l’angoisse de la prison et le désir de s’éader. De plus, leur ciel bas, le manque de clarté, l’uniformité des lignes engendrent une monotonie déprimante. Cette monotonie est l’aiguil-