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SAINT-OLAF

cousin germain madame Baring est destinée à hériter d’une belle fortune, elle se trouve être la dernière des Wilkes de Loftshall, une vieille famille du Somersetsliire, et la lignée mâle éteinte, le fidéicommis doit passer entre ses mains.

Edith m’a confessé qu’étant jeune fille, elle avait été cruellement tourmentée par le désir de cet héritage et que chaque matin, en ouvrant son journal, elle courait à la colonne des morts avec l’espoir d’y trouver le nom Thomas Wilkes.

— C’était abominable, a-t-elle ajouté avec son sourire nerveux ; mais à cette époque-là, l’argent m’eût apporté tant de bonheur, je le croyais du moins. Maintenant, je ne le désire plus que pour ma mère. Je voudrais qu’elle pût en jouir un peu avant de mourir, avoir sa voiture, faire de longues promenades, absorber plus d’air. Cela prolongerait sa vie, j’en suis sûre. Quant à moi, mon ambition se borne désormais à l’achat de Dick, ce vieux pur sang que je monte. Il baisse terriblement. Ce me serait une joie d’être à même de lui donner la prairie verte et l’espace que son âme de cheval a peut-être toujours rêvés.

Depuis que je sais tout cela, la vue de madame Baring additionnant les pence et les shillings, me semble pathétique et je ne puis m’empêcher de souhaiter que le squire de Loftshall, qui a soixante-quinze ou soixante-seize ans, ne tarde pas trop à aller rejoindre ses ancêtres.