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L'ILE INCONNUE.

morceau de mousseline et de dentelle que les femmëg dt ; diverses conditions, les nurses, les servantes et les dames d’un certain âge se posent sur le sommet de la tète. La « cap » a, pour moi, l’effet symbolique de Téteignoir. De fait, elle éteint toujours quelque chose, la liberté ou la jeunesse. Il y a des « caps » qui expriment la bonhomie, la bienveillance, une disposition gaie. Il y en a qui sont bourgeoises agressies, qui sont « cant ». Celles de mon hôtesse me donnent une impression de finesse, d’élégance innée, de bonté, mais aussi d’irréductible intransigeance. Ce sont surtout des caps de comté. Pour des Français, ceci demande une parenthèse explicative. En Angleterre, on appelle familles de comtés, celles qui possèdent des terres inaliénables, des fidéicommis. Elles ne font pas partie de la noblesse, mais elles la reçoivent et sont reçues par elle. Quelques-unes sont établies sur le même sol depuis des siècles et ont une origine plus pure et plus ancienne que nombre de lords et de pairs. On y déroge moins facilement que dans les autres classes. Les hommes y sont souvent grands buveurs, grands chasseurs... et le reste. Les femmes ont alors les vertus opposées, cela donne une bonne moyenne de respectabilité et maintient l’équilibre domestique. Dans les familles de comté, on trouve encore une belle couche d’ignorance. La mentalité y est plus solide que brillante. Le caractère droit, primesautier a une certaine rudesse. C’est un curieux mélange de morgue aristocratique, de bonhomie campagnarde et de petitesse provinciale. Chez mes hôtes, à divers degrés, je retrouve ces défauts et ces qualités de terroir anglais. Madame Ba-