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L'ILE INCONNUE.

toit au-dessus de sa tête, des murs pour enfermer sa vie, il reprend racine sous toutes les latitudes. Dans la tente, dans le bungalow, dans la maison coloniale, il vit autant que possible comme en Angleterre, il établit les mêmes usages, le même rite domestique. La terre natale lui demeure chère, il en parle toujours avec orgueil, il y retourne en visiteur, mais il finit par la considérer comme une sorte d’aïeule, il l’appelle volontiers « la vieille patrie ». L’endroit où il a son home devient son pays, ce pays sera une patrie pour ses enfants.

Les Brilishers qui voient les Français assis à la terrasse des cafés sont convaincus que nous ne connaissons pas le home. C’est généraliser un peu trop, il me semble.

Ce que nous appelons le « chez soi )) est assurément moins que le home, mais le « foyer » est davantage. Le foyer ! Comment décrire cette chose abstraite, composée de forces invisibles, qui nous retient, qui nous ramène, qui nous est si chère ! On peut posséder un home, et n’avoir pas de foyer. La demeure la plus humble peut être un foyer, et le palais du millionnaire peut n’en être pas un. Le seuil du foyer est plus sacré que celui de home. Le foyer ne s’improvise pas, ne se réédifie pas et il faut qu’il repose sur la terre même de la patrie. C’est un centre de chaleur et de lumière, créé par l’amour, l’amitié, le dévouement, l’union des cœurs et des intelligences... Voilà ce que nous avons. Le home est anglo-saxon, le foyer est latin.