Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/45

Cette page n’a pas encore été corrigée
29
SAINT-OLAF

tendre de la famille française s’élabore Tàme. Le caractère et l’àme ne sont-ils pas les deux forces motrices de nos destinées respectives ? .

Si vous demandez à un Anglais quel est le plus beau mot de sa langue, il vous répondra sans hésiter : « le mot home ». Home ! pour lui, c’est le pays, le port, le ciel. On dit souent de quelqu’un qui vient de mourir : « He has gone home ». Il est retourné dans sa patrie. Home ! c’3st encore le nid familial, l’abri inviolable, le toit protecteur, la maison avec un escalier que les inconnus ne montent pas et cette maison, tant humble soit elle, John Bull en a le culte. Dans les petits cottages en briques rouges collés les uns aux autres comme des alvéoles, pas plus que dans le château, on ne garde les chaussures de la rue. Pour s’asseoir à la table de famille, on fait toilette. Les jeune filles piquent dans leurs cheveux un ruban de couleur claire, se parent de quelque ornement hideux, mais touchant de bonnes intentions. La mère dira : « Il faut que je change de robe, les garçons vont bientôt rentrer. » Et les garçons la trouvent habillée de sa meilleure robe. Ce tableau de leur home ainsi égayé s’imprime dans quelque cellule de leurs cerveaux. Ils l’emportent au bout du monde souvent et quand Tommy Atkins meurt sur un champ de bataille lointain, la coiffe blanche de la mère, le nœud bleu ou rose de la sœur ressortent comme des points de lumière dans ses visions d’agonie et mettent un dernier sourire sur ses lèvres.

En vue de la mission qu’il doit remplir ici-bas, l’Anglais est éminemment transplantable. Avec un