Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/297

Cette page n’a pas encore été corrigée
281
LONDRES.

Le docteur, assis sur la pelouse, se leva d’un bond.

C’était un accident, en effet ; un ouvrier blessé à l’œil droit venait d’arriver. Notre hôtesse s’excusa aussitôt. Je demandai la permission de l’accompagner. Nous nous hâtâmes vers l’Infirmerie où le docteur A… nous avait devancées. En arrivant, nous trouvâmes un pauvre homme, le visage contracté par la souffrance. Une paillette brûlante lui était entrée dans l’œil.

— Nous allons vous enlever ça, dit le docteur avec un accent de bonté, il y a probablement plus de douleur que de mal.

Miss Newton posa affectueusement la main sur l’épaule de l’ouvrier :

— Cela ne sera pas long, mon ami, fit-elle à son tour, le docteur est extrêmement adroit. Et puis, vous devez avoir du courage… on le voit.

Et lui prenant le bras qu’elle passa sous le sien, elle l’emmena en m’envoyant un joli sourire.

Comme c’était habile et féminin cette manière de supposer la bravoure pour l’exciter ou la faire naître !

Au bout de vingt minutes très angoissées, je vis reparaître miss Newton avec son blessé.

— Le docteur répond de notre œil ! me cria-t-elle d’une voix joyeuse.

Ce « notre » me parut adorable.

Je félicitai chaleureusement l’ouvrier. Il parut touché de mon intérêt.

La directrice désigna le lit qu’il devait occuper, lui commanda un bain tiède, un potage léger et le remit aux mains d’une nurse.