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L’ÎLE INCONNUE.

traire, à se renouveler, à acquérir des forces pour les dépenser au service de ceux qui en ont besoin. On oblige, du reste, toutes les gardes-malades à faire une promenade quotidienne soit à pied, soit à bicyclette. Quand elles ont rempli leurs poumons d’oxygène, elles reviennent plus fraîches et plus vaillantes auprès de leurs patients. Oui songe à cela chez nous ? Miss Newton est une golfeuse enragée. Elle est reçue dans les meilleures familles, invitée aux garden-parties. Dans un coin du jardin, elle a une grande tente pour travailler et un hamac pour se reposer en plein air. À cinq heures moins un quart, les malades rentrent tous et le parc redevient un lieu idéal. Hier, c’était son jour de réception. Le temps était superbe et le thé fut servi dehors. Bientôt des jeunes gens et des jeunes filles arrivèrent à bicyclette, puis des dames suivirent. Les tasses et les gâteaux commencèrent à circuler et la conversation s’anima. Toutes les personnes présentes avaient été à Paris. On m’en parla avec sympathie, avec la reconnaissance d’un brillant souvenir. L’Infirmerie se trouvait cachée par les arbres, je ne la voyais pas, mais je la savais là et elle me gênait. Je pensais à ces pauvres têtes humaines défigurées par des bandages, à ces yeux qui ne reflétaient plus ni la lumière, ni les choses. J’avais la sensation de cette souffrance qui était si près et elle me troublait. Tout à coup, je vis une infirmière qui arrivait vers nous au pas de course.

Miss Newton posa instantanément la théière qu’elle tenait.

— Un accident ! dit-elle.