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L’ILE INCONNUE.

J’aime Londres, son odeur même, une odeur acre de charbon mouillé, de gaz, de fumée. Je la reconnaîtrais entre mille et j’ai besoin de la respirer de temps à autre. Les abords de la métropole anglaise ne sont pas attrayants. Du gris, du noir, des affiches d’un bariolage cru, des enseignes aux lettres démesurées, voilà ce qui frappe les yeux. Le train avance lentement, au-dessus d’une étendue infinie de maisons basses aux courts tuyaux de cheminées, que l’on prendrait pour des terriers plutôt que pour des habitations humaines. Cependant les flèches, les tours des églises, les hauts fourneaux des usines, le ciel barré, rebarré de fils télégraphiques, la Tamise, ses ponts, tout cela ne tarde pas à vous donner une impression de force colossale et vous sentez que vous êtes chez un très grand peuple.

Miss Barmg m’attendait à la station de Victoria.

— Je suis bien heureuse de vous revoir, me dit-elle avec une forte poignée de main.

Et sa voix émue et l’expression de ses beaux yeux bleus ne laissaient aucun doute sur la sincérité de ses paroles.

Ici les porteurs s’occupent des voyageuses avec un empressement marqué. Ils apportent dans leur service une autorité de mâles, un instinct de protection qui est au-dessus du pourboire et qui sent le gentleman déjà. Un alerte gaillard eut tôt fait de nous trouver un cab, de charger les bagages, de nous mettre en voiture et de crier au cocher :

— Waterloo !

Wimbledon est à quarante-cinq minutes de Lon-