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l’île inconnue.

Eaton Square, Grosvenor Crescent, etc., ont un aspect singulièrement froid. On sent qu’il y a là un décorum traditionnel, des opinions toutes canalisées, des sentiments bien disciplinés. Les « caps » doivent y être pointues, étroites et raides ! Quand on flâne dans ces rues, il vous tombe sur les épaules quelque chose de lourd et de glacial.

Dans les beaux quartiers de Mayfair, Park Lane, Berkeley Square, Grosvenor Square, etc., les maisons ont une physionomie plus ouverte, plus souriante, leurs stores blancs ou rayés claquent joyeusement au vent, leur décoration de fleurs est plus artistique. Quelques-unes, celles de Park Lane entre autres, ont un air galant et coquet. Les meubles, j’en suis sûre, sont français, Louis XV et "Louis XM, elles sont pleines de délicieux bibelots. On y rencontre plus de « tea gowns » que de « caps ». Et si je ne me trompe, le fleuretage et le bridge y sévissent furieusement. Les romanciers y placent volontiers leurs héroïnes mondaines. Je le comprends. C’est bien là l’atmosphère qui leur convient.

En dehors de ces deux centres de fashion, on trouve dans le West End des quartiers spacieux, tout à fait province, qui donnent une impression de confort et de tranquillité.

Pall Mail a un air de correction et d’élégance masculines. Derrière les fenêtres de ses grands clubs, on voit toujours quelques figures enfouies dans de vastes fauteuils, immobilisées par la lecture du journal quotidien et ces figures vous communiquent, je ne sais pourquoi, une sensation de mélancolie et d’ennui.