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LONDRES.

mon regard va à la physionomie de Londres. Elle me paraît sévère et terne, mais bien virile. Quant à son atmosphère morale, elle est singulièrement lourde et sèche. Je sens que beaucoup d’éléments supérieurs lui font défaut. La pensée, la jeunesse sont dans les villes universitaires, l’art y est en quantité minime, invisible presque, les églises sont, fermées six jours de la semaine. En somme, ce qui s’extériorise surtout, ce sont les préoccupations d’argent, l’ambition, l’orgueil, le snobisme, des énergies puissantes, la volonté, le caractère, des passions brutales, les douleurs d’une lutte à outrance. Londres est une cité marchande âpre au gain, vénale, où l’on fabrique et où l’on adore le veau d’or. Dans cette Cité marchande pourtant on sent une âme gothique, spiritualiste, biblique, qui l’ennoblit, l'aristocratise davantage peut-être que le pavillon royal et impérial dont elle couvre son trafic et ses opérations. C’est à cette âme, si je ne me trompe, qu’elle doit sa véritable grandeur.

Voilà l’impression que j’ai reçue au cours de mes promenades matinales. Est-elle juste ? En tout cas, je l’ai transcrite fidèlement.

Paris, millionnaire aussi, mais trois fois seulement, n’a pas l’impressionnante immensité de la métropole anglaise. Et c’est bien la ruche ! Une ruche sous un ciel élevé, avec une belle lumière, des brumes bleuâtres, des nuages doux, des couchers de soleil auxquels la nature apporte un art infini. Ses rues sont bien percées, bordées de maisons à étages. Des avenues plantées d’arbres rayonnant en étoiles, aboutissent à des carrefours magnifiques. Son fleuve a un mouvement