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LONDRES.

vers lesquelles convergent le plus de pensées, le plus de curiosité. Elles représentent deux des grandes races du globe, deux sexes, deux tempéraments et elles se font curieusement valoir l’une et l’autre. Je m’en aperçois en les comparant.

Londres est anglo-saxon, masculin, protestant. Paris est latin, féminin, catholique. Il y a bien là de quoi leur faire des âmes diverses… et elles sont diverses leurs âmes !

La surface de Londres, plutôt plate, est dominée pour ainsi dire par la Cité, la prison de Newgate et la cathédrale de Saint-Paul, par le commerce, la loi, la religion. Paris, lui, — comme je regrette de ne pouvoir dire « elle », — a une couronne de monts dont les sommets portent une basilique, un moulin aux ailes folles, un panthéon, les champs de ses morts, les canons de sa défense. Est-ce assez symbolique de féminité cela ?

On trouve Londres beau ou laid, selon sa mentalité. Il exerce sur moi une véritable fascination. Je sens son immensité, sa puissance, sa multitude. Son ciel bas, son soleil sans rayons, son brouillard jaune, lui donnent un aspect de grand nord qui me charme particulièrement. Les brumes dont on se plaint adoucissent ses lignes, atténuent artistement ses laideurs et en font une admirable grisaille. Elles ont, en outre, des effets saisissants, souvent elles voilent tout un pan de l’horizon ; une brise légère les entr’ouvre et on voit surgir une cathédrale gothique, un pont monumental, de hautes cheminées d’usines ; puis lorsqu’un vent violent les roule brusquement, c’est le panorama d’une ville qui se déroule devant