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désir de devenir catholique s’empara de moi. La crainte d’affliger ma mère, ma répugnance pour la confession m’empêchèrent d’y céder pendant plusieurs mois. Il faut avoir soutenu ce combat moral, continua miss Baring, pour savoir combien il est douloureux. Je me sentais appelée et retenue, attirée et repoussée ; puis un besoin urgent d’aide vint me donner le courage de faire le grand pas et j’entrai dans l’Église romaine.

— Comment votre mère a-t-elle vu ce changement de religion ? demandai-je,

— En vraie Anglaise, elle a respecté ma liberté de conscience et ne m’a adressé aucun reproche ; mais quand elle me voit aller à la messe, à une cérémonie quelconque, son visage prend à son insu une expression froide et sévère. Elle est absolument incapable de comprendre l’esprit du catholicisme. Elle le considère comme un amas de superstitions. Il lui semble fait pour le peuple seulement, pour des gens qui ne se lavent pas. Elle prétend que nos prêtres ne sont pas des gentlemen parce que leur tenue est trop négligée. Du reste, sa religion lui suffit entièrement.

— Tout ceci confirme mon idée, dis-je alors. Je crois qu’il y a des mentalités catholiques et des mentalités protestantes. Parmi les protestants, on trouve des gens qui ont une mentalité catholique, ceux-là finissent par entrer dans l’église où ils rencontrent les éléments spirituels qui leur sont nécessaires. Les vrais protestants ne se convertissent jamais.

— Eh bien, ma mère et mes frères sont assuré-