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LONDRES.

m’étends. » Cela me semblait irrésistiblement drôle. Cette fois, je me suis étendue bien à l’aise, dans une belle chambre bleue à deux fenêtres et dans un grand cabinet de toilette. De temps à autre, la Providence m’accorde un peu de ce luxe, de ce confort que j’ai toujours aimé… oh ! pas souvent. Évidemment, elle a ses raisons pour ne pas me gâter trop.

Un séjour à l’hôtel Claridge n’était d’abord pas entré dans mon programme de voyage. Et puis, au mois d’avril, comme je prenais le thé chez Ritz, le chef de réception est venu m’annoncer qu’il en avait obtenu la direction et m’engager à y descendre lorsque j’irais à Londres. Je le lui ai promis et m’y voici très bien installée par ses soins. Pourquoi, oh ! pourquoi ai-je été amenée dans ce solennel et aristocratique hôtel Claridge ?… nous verrons bien…

Oui, cela a été pénible ce départ de Saint-Olaf, très pénible… et dire qu’un mois auparavant, j’en avais franchi la grille en étrangère ! Jack et Bob étaient sous le porche. Jusqu’au dernier moment, ils m’ont dit mille choses affectueuses avec leurs bons yeux et leurs queues. Quand ils ont vu la voiture, s’ébranler et m’emmener, leurs physionomies se sont couvertes. Le chat, qui sommeillait les pattes repliées, s’est contenté d’ouvrir les yeux. D’après les ordres laissés par mes hôtes, la femme de chambre m’a accompagnée jusqu’à Londres et le jardinier m’a remis une magnifique gerbe de roses.

En arrivant à l’hôtel, j’ai trouvé un télégramme d’Edith me souhaitant la bienvenue, les cartes de trois personnes de ma connaissance, l’une entre autres de madame Nerwind, l’amie de Ruby Talbot.