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l’île inconnue.

m’est resté nettement dans la mémoire. Notre cousin George nous avait appris à le considérer comme un endroit sacré, il l’entretenait avec un soin religieux.

— Je suis sûre que vous aimerez la vieille demeure, me dit mon amie. C’est une authentique maison Élizabeth avec la forme de l’E posé à plat. Vous viendrez la voir avant de quitter l’Angleterre. Avouez que vous en mourez d’envie.

— Je l’avoue parfaitement.

— A la bonne heure ! Je serai sans doute obligée de revenir plusieurs fois à Wimbledon, mais je me logerai avec vous à l’hôtel Claridge. Rien ne m’aidera mieux à prendre conscience du poids nouveau de ma bourse. Quand ous aurez assez de Londres, je vous emmènerai à Loflshall.

— Il me semble que si j’étais vous, je regretterais beaucoup ce joli Saint-Olaf.

— On voit bien que vous n’y avez pas passé votre jeunesse, répondit miss Baring en souriant.

Rodney avait préparé soigneusement comme d’habitude nos respectives « night caps » du soda teinté de whisky. Nous prîmes ensemble nos grands verres pétillants, nous les tînmes élevés pendant quelques secondes en un toast d’amitié et de bons souhaits. Je me retirai ensuite pour laisser les jeunes gens parler de leurs affaires. Sur le seuil de la bibliothèque dont Rodney tenait la porte ouverte, je me retournai et le charmant tableau vivant s’imprima à la fois dans mon cœur et dans mon cerveau.

Et c’est moi qui ai conduit mes hôtes à la station, qui les ai mis en chemin de fer ! Ils m’ont fait mille excuses de me quitter. Nous étions tous passable-