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SAINT-OLAF.

prendre l’œuvre dans laquelle nous sommes engagés !

— Si nous arrivions à la concevoir avec nos facultés de Terriens, elle serait plutôt infime. C’est déjà joli de sentir que cette œuvre est divine, éternelle et que nous en faisons partie. Là, vous m’aviez mise dans le coin, en suis-je sortie ?…

— Oui… oui, fit M. Baring d’un air pensif, mais à considérer ainsi les choses, tout devient tellement immense…

— Tout est immense, même notre petitesse, répondis-je avec conviction. Pour passer de l’abstrait au concret, soyez sûr que si j’ai jubilé aujourd’hui, comme vous le dites, c’était moins parce que l’événement de ce matin me donnait raison, que parce qu’il mettait votre mère en possession de Loftshall.

— « Dear mater », fit le jeune homme avec une expression tendre, elle n’aura plus besoin de retourner vingt fois les shillings avant de les dépenser.

— Et pour vous, Rodney, Loftshall sera le pied dans l’étrier, ce sera aussi Ruby, si je ne me trompe.

Une belle couleur monta au visage de mon hôte.

— Ce sera Ruby, assurément.

— Et pour moi, ce sera Dick ! ajouta mon amie avec un petit rire amer et ironique. Cher Dick ! Il aura au moins un box digne de lui.

— Jack ne se doute guère de la surprise qui l’attend au débarqué. J’ai envoyé à tout hasard une dépêche à Montréal ; mais il est en route, il revient par l’Amérique qu’il est en train de visiter.

C’est curieux, continua M. Baring, je n’ai qu’un souvenir assez vague de Loftshall ; mais son boulingrin, l’emplacement de l’ancien jeu de boules