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SAINT-OLAF.

— Bleu, répétai-je docilement, et c’était après tout un chapeau de deuil que vous deviez acheter.

— Oui, et mes projets pour l’été, la mer, l’Ëcossc ! Quelle peine ne me’suis-je pas donnée pour arranger tout cela !

— La voilà la liberté humaine ! Qu’en pensez-vous, monsieur Baring ?

Le jeune homme qui se promenait de long en large vint se placer le dos à la cheminée et, avec un sourire moqueur :

— Vous avez jubilé intérieurement aujourd’hui, hein ? Je l’ai bien vu du coin de l’œil. Vos théories me sont revenues plusieurs fois à l’esprit. Tout cet inattendu semble les justifier dans une certaine mesure. Du reste, puisque nos mouvements sont combinés avec ceux d’autres individus, mouvements que nous ne connaissons pas, il faut bien admettre que notre liberté est fort restreinte ; mais de là, à croire comme vous, que nous n’en possédons aucune, que nous sommes de simples facteurs, il y a loin.

— Songez-y donc, une liberté partielle serait cruelle, odieuse, impossible. Elle nous rendrait semblables à des hannetons attachés par la patte qui, malgré leurs ailes, ne pourraient aller et venir que sur la longueur de leur fil.

— Mais il en est ainsi, je crois.

— Pas du tout, nous sommes dirigés tout simplement.

— Par des dieux aveugles, alors. Comment expliquerez-vous ces contremarches, ces machines arrière, ces poursuites vaines auxquelles ils nous obligent ? Ainsi la volonté qui suggérait à Edith tout un