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cœur, elle m’apprit qu’elle était nouvellement convertie.

— Ah ! voilà qui m’intéresse ! dis-je aussitôt. J’adore les histoires de conversions, racontez-moi donc la vôtre !

La couleur qui monta de nouveau au visage de ma compagne, une contraction nerveuse au coin de ses lèvres me firent sentir mon indiscrétion.

— Oh ! excusez-moi ! dis-je toute honteuse. Je me suis laissé emporter par ma curiosité de l’âme humaine. On ne fait pas une telle confidence à une étrangère.

Miss Baring tourna vers moi ses beaux yeux foncés :

— Une étrangère ! répéta-t-elle, vous ne me semblez pas cela.

Et sous la pression du courant de notre sympathie réciproque, elle sortit de sa réserve et se laissa aller à me raconter les phases du phénomène psychique qu’elle avait subies.

— Le catholicisme, ses symboles, ses cérémonies m’ont toujours fascinée, m’avoua-t-elle ; quand j’entrais dans une de vos églises, j’y sentais une présence, quelque chose qui me faisait courir un frisson sous la peau.

— Le frisson sacré, fis-je en souriant, oh ! alors vous étiez sûrement préparée pour la conversion.

— Il y a trois ans et demi, un Jésuite est venu prêcher un carême à Wimbledon où nous habitons. J’eus la curiosité d’aller l’entendre. Je fus frappée de la logique et de l’enchaînement des dogmes. Il me sembla qu’il y avait vraiment là une religion. Le