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l’île inconnue.

Nous descendîmes à Charing Cross, laissant il. Baring continuer vers la Cité où il devait voir son oncle et l’homme d’affaires de la famille.

La liste des emplettes qu’Edith avait emportée, nous prit plusieurs heures. Nous déjeunâmes à l’hôtel Claridge. Dans l’après-midi nous eûmes, je ne sais où, une abominable lasse de thé et, vers six heures seulement, nous rentrâmes à Wimbledon. Pendant que la voiture achevait de monter au pas la raide colline, je regardai de nouveau mon amie.

— Commencez-vous à vous rendre compte du changement qui vient de se faire dans a votre vie ? lui demandai-je, poussée par mon irrésistible curiosité de romancier.

— Oui, oui, n’avez-vous donc pas remarqué avec quelle belle facilité j’ai dépensé l’argent aujourd’hui ? fit-elle avec un demi-sourire. Vous avez hâte de me voir heureuse, hein ? Cela viendra j’espère. Mais, je m’aperçois que le sang est plus épais que l’eau, comme nous disons en anglais. Notre cousin a été un assez mauvais parent, eh bien… je sens sa mort… et il me serait impossible de me réjouir.

L’expression des beaux yeux bleus, tournés vers moi ne me laissa aucun doute sur la sincérité de ces paroles.

— Vous souvenez-vous de Loftshall ?

— Parfaitement. Du temps de George Wilkes, le frère aîné, nous y faisions de longues visites. Lors de la dernière, j’avais quatorze ans déjà. Cher cousin George ! c’est lui qui m’a mise à cheval… Nous étions de bien bons camarades. Voyez-vous, continua mon amie en baissant la voix, Thomas a aimé