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mais il existe. Je sentais bien que nous entrerions en relations, et j’étais curieuse de voir comment.

Un après-midi en traversant le hall, je vis ma future amie qui causait avec une Américaine de ma connaissance. Cette dernière m’appela d’un signe amical, je m’approchai et la présentation eut lieu. Ce ne fut pas plus compliqué. Nous parlâmes du beau temps, de veine, de déveine, de la roulette, du trente et quarante, de tous les dieux malfaisants de l’endroit. Madame Cahart remarqua que nous avions chapeau et jaquette.

— Tiens, fit-elle, avec le plus joli sans-gêne, pourquoi ne feriez-vous pas votre promenade ensemble ? Ce serait plus agréable. La vie est si courte ! Inutile de la gaspiller en cérémonies.

Cette philosophie américaine nous fît rire. Miss Baring me regarda avec une expression de détresse comique. Il ne me restait d’autre alternative que celle de l’inviter à m’accompagner. Je le fis aussi gracieusement que possible, et nous voici curieusement unies, ou réunies, cheminant ensemble, réglant notre pas l’une sur l’autre. Les lieux communs nous servirent d’abord à prendre contact ; mais soit que notre sympathie mutuelle nous eût rapprochées, soit qu’il existât entre nous quelque lien antérieur ou futur, notre conversation prit tout de suite un tour amical et eut l’air de se continuer.

Je ne me souviens pas à propos de quoi il m’arriva de dire : « Si vous étiez catholique, vous comprendriez cela. » À ma grande surprise, miss Baring rougit violemment, parut troublée, puis avec l’émotion qu’elle eût éprouvée à me confier un secret de