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SAINT-OLAF.

coup de monde à la fois — les gens qu’on n’admet pas dans son intimité surtout — et de se débarrasser d’une foule d’obligations criardes. Ensuite, elles représentent plus qu’elles ne coûtent. Pour qu’elles soient jolies cependant, il ne faut rien moins qu’un beau décor de parc et d’arbres, des pelouses épaisses et veloutées, des valets de pied en riches livrées, des accessoires luxueux, des femmes jeunes, belles ou gracieuses, habillées à la perfection et des hommes élégants. Les « garden-parties » bourgeoises ou provinciales sont plutôt pénibles à voir. Le plein jour fait ressortir cruellement l’imperfection des toilettes claires, la crudité des fleurs artificielles, la gaucherie des serviteurs loués, toute la médiocrité des gens et des choses. Le rite est le même pourtant. La poignée de main aux hôtes, la causerie par groupes, la promenade sur les pelouses, le fleuretage si possible, le thé accompagné de friandises plus ou moins recherchées parmi lesquelles, invariablement, des fraises à la crème et du Champagne. Je serais tentée de croire que ce n’est pas la pelouse qui a créé la « garden-party » comme je l’avais imaginé, mais bien les fraises à la crème et le Champagne.

A Wimbledon, il y a chaque jour une de ces petites réunions. Devant les grandes villas, on voit des files d’équipages et la musique d’orchestres plus ou moins hongrois vous arrive par-dessus les murs. Dans les chemins verts, on rencontre des théories de femmes et de jeunes filles en robes claires, en larges chapeaux fleuris. Ces petites fêtes modestes s’organisent avec une extrême facilité, paraît-il. On écrit à Whiteley, le célèbre bazar londonien, celui