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l’île inconnue.

« Elle n’a pas eu l’habitude d’être servie, » Et à la plus légère provocation, ils la quitteront parce que, selon eux, elle ne saurait être une « lady ».

A tout cela, il y a des exceptions. Dans beaucoup de familles, on sait faire naître l’affection et le dévouement, tout en respectant la discipline. Dans ces familles, on a de vieux serviteurs qu’on soigne, qu’on aime, avec lesquels on va causer et se souvenir.

Parmi les bonnes à tout faire, qui sont plus en contact avec les maîtres et avec les enfants, on rencontre d’excellentes créatures. Et Dieu sait pourtant qu’elles n’ont pas la vie douce, celles-là !

Pour ma part, j’aime les domestiques anglais. Ils sont moins affinés, mais plus raffinés que les nôtres, moins intelligents, moins intuitifs, mais plus instruits, moins serviables et plus corrects. Quoi qu’on en dise, ils sont très capables d’attachement. On rencontre parmi eux des mentalités étonnantes qui n’existent pas chez nous. Il arrive souvent aux maîtresses de maison des aventures bien typiques et bien drôles.

Il y a deux ans, pendant que j’étais à Londres, une de mes amies vit un beau dimanche après-midi, son maître d’hôtel, un maître d’hôtel qu’elle considérait comme un trésor, émerger du sous-sol, revêtu de l’uniforme de l’Armée du Salut.

— Perkins ! s’écria-t-elle saisie, qu’est-ce que ce déguisement ? Où allez-vous ? C’est l’heure du thé.

— Madame m’excusera, je suis appelé pour un service plus sacré que le sien. Il faut que j’obéisse.

La musique des Salutistes que l’on entendait dans le lointain, expliquait suffisamment ces paroles.

— Vous auriez dû me prévenir quand je vous ai