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SAINT-OLAF.

Les domestiques des hôles se placent selon le rang de leurs niailres. La femme de chambre d’une duchesse, par exemple, à la droite du maître d’hôtel ; celle d’une marquise, à sa gauche ; le valet d’un lord, à droite de la femme de charge ; celui d’un bourgeois à gauche et ainsi de suite.

Les Anglais, en général, parlent à leurs gens avec une politesse parfaite. Ils respectent scrupuleusement les heures de leurs repas, leur accordent de nombreuses sorties, deux ou trois semaines de vacances. Ils ménagent leurs forces avec intelligence et humanité et tout cela ne provoque chez eux aucune reconnaissance. Pourquoi ?… Parce que le snobisme du décorum en a fait des automates. Ils ne saluent pas, ils ne parlent que lorsqu’ils sont interrogés. Ils sont tenus à garder les yeux baissés, la physionomie impassible. Ce service que ne traversent ni regards, ni sourire, ni sympathie, ne crée aucun lien entre maîtres et serviteurs. Ces derniers y ont gagné une indépendance à laquelle ils ne renonceraient pas volontiers. Déliés de toute solidarité, ils n’écoutent que leur intérêt ou leur caprice, donnent congé sous le plus futile prétexte et montrent des prétentions croissantes. Les gens qui ne veulent pas passer leur vie à chercher des cuisinières ou des femmes de chambre, doivent fermer les yeux sur beaucoup de choses. Ce qu’il y a d’irrésistiblement comique, c’est que par snobisme également, les domestiques tiennent à cette correction qu’ils jugent « comme il faut ». Ils auront en petite estime la maîtresse qui les traitera avec une affectueuse familiarité, qui leur témoignera quelque intérêt. Ils ne manqueront pas de dire :