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SAINT-OLAF.

humbles même trouvent le moyen de s’en procurer un brin.

— En Angleterre, les gens de la basse classe et même de la classe moyenne se marient sans frais, sans cérémonie, avec leurs habits du dimanche et la plupart du temps sans prévenir personne.

— Oh ! en général, vous avez le mariage plus discret que nous et cela ne me déplait pas, au contraire. Savez-vous que j’envie les romanciers anglais ? Vos mœurs peuvent leur fournir une foule de situations, d’effets variés. Les nôtres, au contraire, ne nous laissent aucun jeu, nous sommes obligés de nous rabattre sur la psychologie et comme réactif nous n’avons guère que l’adultère.

Un accès de rire secoua M. Baring.

— Ma parole ! c’est vrai, dit-il.

— Et je trouve que ces unions contractées devant Dieu et devant le prêtre seulement sont d’une poésie sévère mais très mâle. L’épouse, en costume de voyage, a l’air d’être équipée pour suivre son mari au bout du monde, c’est d’un beau symbolisme. Un jour à Londres, à Sainte-Mary’s Church, j’ai surpris une de ces unions et elle m’a émue jusqu’aux larmes.

— Quant à moi, dit Rodney, je trouve les mariages mondains horripilants.

— D’autant plus, ajoutai-je, que, dans cette exhibition, l’homme paraît toujours ridicule.

— Là ! Edith, vous entendez… une agréable perspective ! Si j’avais le choix, nous nous marierions à Arundel, en présence de la famille seule. Ruby serait vêtue d’un chic costume de yacht en serge bleue foncé, gilet blanc, bouton d’or et, au sortir de l’église,