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l’île inconnue.

d’argent. Je ne puis m’empêclier de croire que la nature nous a donné des rouages compliqués à seule fin de limiter notre nombre et d’enrayer notre progrès.

— Votre manière d’en isager le rôle de Tliumanité TOUS fait trouver des raisons extraordinaires.

— Elles vous paraissent mauvaises ?

— Non, elles expliquent même les choses assez Lien.

— Alors, mon point de vue ne doit pas être tout à fait faux.

— Ce qui me surprend, dit Edith, c’est de voir la pompe avec laquelle, en France, les gens du peuple et de la petite bourgeoisie se marient. Ces noces que l’on rencontre à Paris le samedi au Bois de Boulogne, m’amusent et me touchent. Lui, est généralement grotesque dans son habit mal taillé ; elle, est souvent gentille et paraît beaucoup plus affinée.

— Elle l’est, vous avez bien observé.

— Et ils ont l’air si triomphant ! si radieux ! Cette journée doit cependant diminuer leur petit pécule !

— Oui, mais elle met un peu de clarté dans leur vie, comme un point brillant. Si le ménage est heureux, elle reste un cher souvenir. Dès le surlendemain, ils reprendront le harnais du travail pour ne plus le quitter peut-être. La robe blanche sera teinte ; mais le bouquet de fleurs d’oranger, le bouquet symbolique, sera précieusement conservé. Autrefois, on le plaçait même sous verre. Je vous l’ai dit, nous sommes des Imaginatifs. Nous apportons en naissant le désir de certaine petite fleur bleue, — de la fleur d’idéal, — et il nous en faut à tout prix, les plus