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SAINT-OLAF.

La plume ne saurait rendre tout ce que la jeune fille mit dans ce mot.

— Dieu vous avait préparé un joli « week end », hé ? vous ne l’oublierez pas celui-là ?

— Jamais.

Avec une charmante impulsion, Ruby passa un bras autour de mon cou et m’embrassa.

— Vous êtes de la famille maintenant, dit elle, n’est-ce pas, Edith ?

— Naturellement, répondit mon amie en me tendant la main.

Demeurée seule, j’eus la sensation physique, très nette, qu’en s’éloignant la fiancée avait emporté un peu de lumière et que ma chambre était plus sombre.

. . . . .

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Ainsi qu’il avait été convenu entre les deux jeunes gens, Rodney a reconduit miss Talbot chez sa tante puis il est parti pour Arundel. Un télégramme ayant annoncé son plein succès et son retour par le dernier train, Edith et moi l’avons attendu. Il est arrivé heureux et affamé. Nous avons assisté à son souper. Devant cette table où il y avait une énorme pièce de roastbeef aux tons d’un rouge vif, un jambon rose, des feuilles de laitue non assaisonnée, une épaisse miche de pain, une bouteille d’ale, M. Baring, bien éclairé par la suspension, offrait, avec sa belle carrure, son air de santé, une splendide image de vitalité humaine. Tout en nous racontant son voyage jet sa visite à Saint-Clement’s Court, il satisfaisait son appétit, mais d’une manière absolument machinale ; sous l’empire du sentiment qui le dominait, l’âme