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SAINT-OLAF.

parés et je ne sais rien de plus douloureux que la séparation dans le mariage.

— Je le crois. Me voyez-vous handicapped par une femme qui n’aimerait ni la campagne ni le sport ? demanda îc jeune homme avec une expression d’effroi comique.

— Eh bien, vous n’avez pas cela à craindre avec miss Talbot, répondis-je en souriant ; de plus, elle s’intéresse à la vie élevée.

— Oui… elle est parfaite, fit-il lentement, comme s’il se complaisait dans l’image de la perfection qu’il évoquait.

L’entrée de Ruby, de madame Baring et d’Edith coupa court à cet éloge. Le dîner fut aussi solennel, aussi correct que d’habitude ; mais de jolis regards, des notes joyeuses dans les voix, un rayonnement de satisfaction réchauffèrent singulièrement l’atmosphère ambiante. Après la partie de cartes, sous prétexte de fatigue, mon amie et moi nous nous retirâmes en même temps que madame Baring et nous abandonnâmes la bibliothèque aux amoureux. Là, ils ont probablement scellé leurs fiançailles de ce baiser anglais très parjiculier, très différent du baiser français, plus encore du « baccio » italien et beaucoup moins dangereux.

Lorsque nous fûmes dans ma chambre, j’in’itai Edith à s’asseoir un moment.

— Rodney vous a appris ? commença-t-elle.

— Oui, et je l’ai félicité.

— Vous voyez comme nous faisons simplement les choses en Angleterre : on s’aime, on se le dit et on se fiance. Ne trouvez-vous pas nos mœurs plus ration-