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l’île inconnue.

de parler. Il faut croire que la rivière m’a inspiré. Elle m’a toujours porté bonheur.

— Et Edith vous avait ménagé là une splendide occasion.

Oh ! she is a brick [1].

— Je suis bien heureuse de pouvoir vous féliciter sincèrement. En vérité, miss Talbot et vous me paraissez faits l’un pour Tautre. C’est une phrase banale celle-là, mais la signification que je lui donne ne l’est pas.

— Et puis, nous sommes de si vieux camarades ! ajouta Rodney dune voix assourdie par l’émotion. Il me semble que nous avons toujours été fiancés.

— "ous Tétiez assurément par le destin.

— Pendant des années, j’ai passé mes vacances chez ses parents, dans le comté de Sussex, à Saint-Clement’s Court. C’est moi qui lui ai appris à manier la voile et la rame. Que de brouilles, de raccommodements, de batailles entre nous ! Je me demande comment on peut épouser une jeune fille dont on ne connaît ni le caractère, ni les goûts. Et dire que cela se fait encore ainsi en France et dans tous les pays latins.

— Un reste de barbarie, de mœurs orientales qui ne va pas sans risques. Selon moi, la diversité des caractères est plutôt favorable au bonheur conjugal, mais la di^ersité des goûts lui est fatale. Deux créatures humaines ont beau être mariées par les parents, le maire, le curé ou le clergyman, si leurs goûts ne se marient pas, ils demeurent toujours sé-

  1. Littéralement : elle est une brique, une image d’argot pour exprimer la solidité de caractère.