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SAINT-OLAF.

— Voulez-vous voir un Anglais qui vient de faire une grosse sottise ?

— Ce ne serait pas le premier. Il s’inclina.

— Mais vous n’en avez peut-être jamais rencontré un qui s’en vante et qui en soit heureux ?

— Non, en effet.

— Eh bien, regardez-moi.

— Hum ! Vous avez plutôt l’air d’un homme qui aurait gagné le gros lot ou quelque chose de précieux. Ne serait-ce point un rubis ? dis-je en jouant sur le prénom de miss Talbot.

Une rougeur bien juvénile colora le visage du jeune homme.

— C’est cela même, répondit-il avec un petit rire heureux.

— Vendredi, quand, pour la première fois, on a parlé de miss Talbot devant moi, j’ai deviné.

— Diable ! Je ne croyais pas être aussi transparent. Il faudra que je me surveille.

— L’amour se sent comme le froid et la chaleur ! Il n’y a pas de Britisher qui tienne ! Et, aujourd’hui, vous vous êtes déclaré au retour de Cosy Farm sous un vieil arbre.

M. Baring ouvrit ses yeux tout grands.

— Il y avait un arbre, vous croyez ?

— Oh ! ingratitude !... un vieil arbre dont vous aviez instinctivement cherché l’ombre et la protection. Et vous ne sauriez imaginer comme vous étiez bibliques tous les deux.

— Ne vous moquez pas. Ce matin, en quittant Wimbledon, je ne savais pas si j’aurais le courage