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l’île inconnue.

de la Bretagne. Elle m’en a montré avec orgueil une demi-douzaine de paires. Elle prétend qu’il n’y a pas de chaussures plus pratiques et plus hygiéniques. Cette ferme qu’elle possède depuis cinq ans, qu’elle a déjà agrandie plusieurs fois, lui rapporte de quoi vivre largement, de quoi offrir une généreuse hospitalité. Ses chambres d’hôtes sont presque toujours occupées. Elle donne souvent un changement à de pauvres créatures surmenées. Elle est invitée à Londres, va au théâtre, joue au golf, monte à bicyclette, reçoit des journaux, des revues et est au courant de tout. Quand à sept heures du matin en hiver, à six heures en été, on est habillée, on peut faire beaucoup de choses.

On nous servit le thé dehors sous un vieux pommier, un thé accompagné de fraises et de crème, d’appétissantes tartines et de sandwiches d’invention anglaise, une fine rondelle de concombre assaisonnée de sel et de poivre entre deux tranches de pain beurré. C’est exquis. Au beau milieu de notre goûter, deux jeunes filles, puis un jeune homme arrivèrent à bicyclette et furent chaleureusement accueillis. La vue du plus luxueux hôtel parisien me laisse indifférente ; mais vrai, j’ai envié Cosy Farm. Je ne pouvais en détacher mes yeux. Je me disais que si quelque bonne fée m’offrait une demeure semblable, je descendrais volontiers de « ma branche » pour y vivre jusqu’à la fin.

La nécessité de rentrer par la rivière nous obligea à partir de bonne heure. Pendant qu’Edith et moi nous nous attardions aux adieux sous le porche fleuri de Cosy Farm, miss Talbot et Rodney prirent les