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l’île inconnue.

trouverai charmantes, ajouta-t-elle avec un sérieux comique.

— C’est cependant madame Cahart, une Américaine, qui nous a présentées l’une à l’autre.

— Oui, et je lui en garde de la reconnaissance. Du reste, celle-là était une excellente créature, si bonne, si droite. Je sais apprécier ces qualités quand je les rencontre.

— Surtout quand la bonté et la droiture sont anglaises, hé ?

— Tout au moins quand elles parlent anglais correctement et qu’elles n’ont pas un accent intolérable, répondit mon amie avec ce joli regard qui tempère souvent la causticité de ses paroles.

M. Baring a raison, sa sœur est plus « vieille Angleterre » qu’elle ne croit. Ne se pourrait-il pas aussi que son antipathie pour ses cousines américaines ne fût nourrie par quelque grief personnel ?

Tout le reste de l’après-midi, je fus impatiente de voir arriver Rodney comme un spectateur qui, au théâtre, désire l’apparition de l’amoureux. Je ne le vis pas avant l’heure du dîner. Bien que j’eusse attendu jusqu’à la dernière minute pour descendre au salon, je l’y trouvai seul. Je le regardai d’un œil critique. Il me parut très mâle, très élégant, admirablement découplé dans son smoking du bon faiseur. J’eus la sensation que je n’étais pas absolument bien venue. Dame ! quand on attend l’amour et qu’on voit entrer l’amitié… Miss Talbot me suivit de près avec Edith.

— Très content de vous voir, Ruby ! lui dit-il, en « ’avançant au-devant d’elle.