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l’île inconnue.

— Horribles créatures ! fit-elle avec une expression comique. Est-ce que vous ne préférez pas les sportswomen ?

— Assurément, elles sont plus saines, mais moins curieuses et moins intéressantes, répondis-je.

Le thé et les scones (gâteaux beurrés) étaient délicieux. Ils auraient pu se passer de vieux chêne et de travestis. Ces costumes hollandais… ces sabots… à lew Bond Street à quoi cela rimait-il ? La fantaisie de nos voisins est insondable.

Pour rentrer à Wimbledon, nous avons pris le chemin de fer souterrain à la plus proche station. Notre train s’est trouvé celui des hommes de la Cité que j’ai surnommés « baggies », parce qu’au lieu de la serviette de cuir, ils ont un « bag » (sac). J’ai été, comme toujours, frappée de la fatigue que trahissaient leurs physionomies et leurs attitudes. Quelques-uns avaient à peine la force de tourner les pages de leurs journaux. Leurs confrères parisiens n’ont jamais l’air aussi vannés. Dans une journée relativement courte, ils doivent fournir une énorme somme de travail, cela les oblige à une grande tension de corps et d’esprit. En les regardant, je me suis prise à désirer l’arrivée de cette bienheureuse fin de semaine qui leur donne trente-six heures de repos. J’admire toujours la manière dont les Britishers montent dans les trains et en descendent. Pas de maladresse, pas de précipitation. Leurs mouvements me semblent réglés plus mathématiquement que les nôtres.

Sur toutes les plateformes, dans le noir et la fumée des stations souterraines, on voit des femmes,