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VI
INTRODUCTION.

Cette mauvaise réputation n’empêche pas nos voisins de nous rendre visite — au contraire. Ils viennent à Paris comme on va vers la lumière. Malheureusement ils se contentent d’explorer les champs de courses, les boulevards, de fréquenter les music-halls. Ils repartent sans avoir échangé un mot ou une pensée avec un Français, sans avoir rien vu de notre vie élevée ou familiale, sans avoir acquis une seule notion juste sur nos mœurs et notre pays. Il en sera ainsi pendant des années. Ces petits voyages donnent à l’Anglais une sorte de prestige. Dans son cercle intime, on s’imagine qu’il a vu et fait des choses inouïes. Il ne s’en défend pas, soyez-en sûr.

Quant aux Français, la plupart évitent systématiquement d’aller en Angleterre, persuadés qu’ils n’ont rien à y apprendre. Lorsqu’ils y vont pour leurs affaires, ils ne voient que le vilain climat, le ciel gris, et reviennent avec la douce conviction que tout est mieux chez eux.

On comprend difficilement que deux peuples aussi proches voisins n’aient pas tenté un effort pour se comprendre mieux. L’ignorance mutuelle de la langue est la cause de tous les malentendus entre John Bull et Madame la France.

Et cependant, ce n’est pas sans dessein que la