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l’île inconnue.

des feutres mous, des cheveux tirés derrière les oieilles, nattés aussi serrés que possible, la peau durcie, bronzée par l’air et le soleil, des yeux perçants sans rayons, avec un regard fixe, comme des yeux qui ne voient que le but, des mains grandes, bien modelées, gantées de hàle, ornées de bagnaes massives. Une seule coquetterie… le nœud de la cravate, un nœud toujours bien fait… et masculin, cela va sans dire. Malgré cet accoutrement antifcminin, la plupart gardaient une certaine distinction et avaient l’air de « ladies ». On deinait des natures simples et droites qui devaient apporter dans la vie « cet esprit du sport » dont j’ai parlé plus haut.

Le match masculin de tennis a été vraiment intéressant, même pour une profane telle que moi. Il ne m’a cependant pas empoignée assez complètement pour m’empêcher de jouir de la beauté classique de tous ces mouvements d’athlètes amenés par l’entraînement à leur perfection de souplesse, de justesse et d’harmonie. J'ai été peut-être la seule à les admirer. La foule n’y songeait guère, elle ! Haletante, immobile, silencieuse, elle suivait les péripéties de la parlie aec une passion intense, admirablement contenue. Le Latin est joueur, le Saxon est parieur. Outre l’intérêt que provoque chez lui le spectacle d’une lutte quelconque, il y a l’excitation du pari fait avec un autre ou avec lui-même. La ictoire ou la défaite est sienne. Après la bataille vous en voyez le reflet sur sa physionomie.

Hier, pour la centième fois peut-être, j’ai remarqué la coquetterie particulière que l’Anglais trahit dans le sport. Les champions et la plupart des