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l’île inconnue.

d’exercice. Le sport les met à même d’acquérir ces éléments de force. Les Écossais, par exemple, doivent beaucoup au golf, leur jeu populaire et national dont l’origine remonte à des temps immémoriaux. Les links sont de vastes terrains plats et sablonneux au bord de la mer, couverts d’une herbe toujours courte, « furze ». Là, depuis des sièches, pêcheurs, paysans, gens du peuple, viennent armés d’un bâton lancer la petite balle dans les trous creusés de distance en distance et formant des figures géométriques. Ils exercent ainsi leur œil, leurs membres, emplissent leurs poumons d’air salin et vivifiant. Tout cela en fait des hommes robustes et des valeurs réelles pour l’Empire Britannique.

Avec la dépense de force qu’il exige, les émotions renouvelées qu’il procure, l’ambition qu’il entretient, le sport opère une saine dérivation et conserve au corps une longue jeunesse. Il forme encore le caractère. Les habitants de Tlle Inconnue lui sont redevables de leur sang-froid, de leur netteté dans l’action, de leur horreur de la défaite. Les exercices du sport font des muscles, son esprit fait des gentlemen. Tout ce qui est mesquin, tout ce qui s’écarte de la stricte correction « n’est pas du sport ». Cet esprit demeure chez beaucoup d’Anglais qui ont forfait à l’honneur et les retient quelquefois longtemps encore sur la pente.

Les intellectuels d’ici déplorent une passion qui diminue le goût de Tétude, de la science et de l’art. La population de la Grande-Bretagne est assez considérable, pour fournir, sans détriment à sa puissance cérébrale, des entraîneurs au monde entier. Ses