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SAINT-OLAF.

a un autre regret dans son cœur, un regret plus vivant. Le sourire de ses lèvres ne monte pas jusqu’à ses prunelles bleues et dans leur profondeur veloutée, il y a une gravité émouvante. Par moments, sa tête fière et droite se courbe sous un poids invisible. Ces défaillances sont de courte durée et elles sont toujours suivies d’un redoublement d’activité ou bien de quelque trait satirique. La Providence l’aurait-elle mise à part pour quelque grande œuvre de charité ? Eh bien, là, j’en serais désolée. Je sais qu’il y a dans l’altruisme des joies que nous, le commun des mortels, ne soupçonnons pas, des joies très fines, très profondes. Miss Baring, j’en suis sûre, n’en demande pas tant, « un simple grain de mil », un bonheur Lien humain ferait mieux son affaire. Je le lui souhaite de toute mon âme.

Saint-Olaf.

Le sport ! C’est en Angleterre seulement qu’on sent son action, son esprit, sa raison d’être. Il y crée une ardente émulation, une extériorisation de jeunesse, un mouvement, qui font de la lumière en quelque sorte. La nature en a usé avec nos voisins comme une mère qui aurait une trop nombreuse famille et qui serait tenue à la discipliner plus rigidement. À cet effet, elle n’eût pu trouver de meilleur moyen que le sport. Il est à la fois un stimulant et un frein, un dérivatif et un éducateur. Pour réagir contre leur climat et accomplir l’œuvre immense qui leur a été dévolue, les Britishers ont besoin de beaucoup de nourriture, de beaucoup d’oxygène, de beaucoup