Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
V
INTRODUCTION.

sont articulés par des gens qui n’ont pas lu le récit de la bataille de Waterloo, aussi glorieuse pour les vaincus que pour les vainqueurs, qui ne vont jamais à l’Opéra et qui ne voyagent pas.

En Angleterre, dans la même classe, il n’y a pas plus de justice et de bon sens. Dans les chapelles presbytériennes, on prêche volontiers contre les Français ; une foule d’honorables vieilles filles, de braves mères de famille, d’hommes sérieux mais qui ne sont pas sortis de leur pays, nous jugent de confiance comme des êtres de toute immoralité. Ils parlent de nous en baissant la voix, d’un air pudique, comme ils parleraient de quelque chose d’inconvenant ou « of the old gentleman », du diable, avec lequel ils nous supposent une étroite parenté.

Dans les romans, au théâtre, le personnage odieux est toujours français ; s’il y a quelque Anglaise perverse, soyez sûr qu’elle est habillée par Doucet ou par Paquin. Il faut que nous y soyons toujours pour quelque chose. Les Français et les Françaises de fabrique anglaise n’ont pas un trait vrai. Ou les auteurs manquent d’intuition, ou ils ne prennent pas la peine d’étudier notre caractère. C’est aussi fâcheux pour eux que pour nous.