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112 L'ILE INCONNUE. blement comprimante. Je suis persuadée que vous pensez de même.

— Oui, mais je crois que cette compression est nécessaire.

— Par exemple ! protesta Edith.

— Avec votre énorme population, vous êtes tenus à marcher les coudes au corps. Voyez les Anglais des colonies, « the Colonials », ils sont gais, expansifs, brillants. Je les ai observés au Jubilé de la reine, ils tranchaient sur votre masse comme des gens d'une autre espèce. Ils vous paraissent vulgaires et vous leur semblez figés.

— Nous le sommes ! Oh ! nous le sommes ! s'écria miss Baring avec une sorte d'exaspération.

— Cela vous rend moins susceptibles d'emballement. Les emballements chez des gens de votre tempérament seraient plutôt dangereux. Rappelez-vous la nuit de la victoire de Mafeking. La nature sait ce qui est bon pour nous et nous ne le savons pas. Au fond, ma chère Union Jack, vous ne voudriez pas avoir moins de correction.

— Vous avez deviné, elle est tory jusqu'au bout des ongles, fit Rodney malicieusement.

Miss Baring rougit.

— Possible ! Ce qui n'empêche pas que j'ai la crampe quelquefois et que je sens un besoin fou de m'étirer.

— Vous avez le continent pour cela. L'Europe est le champ d'étirement de l'Angleterre. Vous pouvez venir fouler nos pelouses. Elles sont mal tondues, mais fleuries et embaumées.

— J'irai, j'irai, dit Edith.