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SAINT-OLAF. 109

officier. Elle n'avait du gouvernement qu'une somme annuelle très minime. Elle prenait des Anglaises en pension, afin de pouvoir élever ses trois filles. J'avais une chambrette carrelée, d'une propreté immaculée ; elle était charmante avec ses rideaux de mousseline blanche, ses deux bergères, ses chaises de paille, sa commode ventrue et son vieux bureau. L'hiver, un brillant feu de bois l'éclairait toute. Aux murs, il y avait des lithographies représentant Napoléon à Eylau, à Austerlitz. Croiriez-vous que quand mes yeux tombaient sur votre héros, je rougissais toujours.

— Voilà une rougeur qui vous honore ! fîs-jc en souriant.

— Le souvenir de la vilaine manière dont nous l'avions capturé me mettait mal à l'aise positivement. J'avais encore autour de moi un tas de chères vieilles choses, puis une statue de la Vierge, le portrait de saint Vincent de Paul, un bénitier, une branche de buis bénit. Ces objets du culte catholique, que je voyais pour la première fois, me plaisaient singulièrement. Ma propriétaire et ses filles travaillaient du matin au soir et avec une seule domestique, elles suffisaient à tout. Dans la maison, il y avait de la gaieté, sur la table d'excellents petits plats. Aux repas, elles entretenaient la conversation d'une manière qui faisait ma surprise et mon admiration. Oui, j'ai été très heureuse pendant cette année d'Avranches, heureuse sans tennis, sans sport, grâce à votre caractère ensoleillé. Ah ! c'est un don inappréciable qui vous a été fait ! Je voudrais que nous ne fussions pas aussi ternes ! fit drôlement Edith.

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