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102 l’ILEINCONNUE.

pas plus affinées. Les unes et les autres sont incapables de donner aux enfants les habitudes qui aident à faire des gentlemen et des ladies. Elles ignorent l’art de manger proprement, de manier le couteau et la fourchette. Elles font du repas des bébés le plus écœurant spectacle. Voilà pourquoi nous verrons chez nous des hommes occupant de hautes positions sociales trahir à table un manque d’éducation qui les rejette dans une classe inférieure. Un monsieur qui mange comme un paysan pourra être supérieur à un monsieur qui mange comme un être policé, il ne sera jamais son égal. La différence d’éducation première sépare les individus davantage que la différence de culture.

 En outre, nourrices et bonnes sont des créatures 

frustes, en général très mal embouchées, dont la colère et l’humeur se traduisent par de gros mots, ces mots, qui en raison de leur énergie entrent plus profondément dans le cerveau de l’enfant y resteront, je vous le garantis. Plus tard, ils ressortiront à la moindre provocation. Nous les entendrons dans la famille, sur tous les champs de travail, dans les discussions politiques, à la Chambre même. Ils choquent terriblement dans la bouche de certains hommes, ces mots de la nounou !

 La nounou, croyez-le, travaille inconsciemment 

aux œuvres de basse littérature et aux illustrations dégoûtantes de certains journaux. C’est la nounou, c’est la bonne qui, avec leur langage primitif, leur esprit non stérilisé, jettent en nous cette verve de grossièreté qui stupéfie les étrangers. On la retrouve dans les hautes classes, chez de très grandes dames,