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98 L'ILE INCONNUE.

bien conservées, des grilles anciennes. Le rez-dechaussée, boisé et à poutrelles, était encore un peu sombre et austère, mais le premier étage avait été entièrement repeint en blanc. Avec ses meubles en bois clair, sa cretonne d’un vert jaune, de ce vert esthétique que nos voisins affectionnent, avec ses petites fenêtres, ses toilettes garnies de mousseline et ornées de rubans, il était tout à fait gai. Quelques bons tableaux, des livres en quantité, un piano, des fleurs ennoblissaient l’humble demeure. L’arrangement des choses révélait une veine artistique fortement teintée d’originalité. — La salle de purification ! notre unique salle de bains ! Voyez, je ne vous fais grâce de rien, dit madame Arnold, en me montrant une grande chambre où tout l’outillage nécessaire à la propreté avait été réuni et ingénieusement arrangé. Nous montâmes ensuite cinq ou six marches inégales, notre hôtesse ouvrit une porte. — La nursery... un ex-grenier, annonça-t-elle, La nursery ! Ah ! le joli tableau vivant ! Une vaste pièce plus longue que large avec un plafond en toile, toute claire, et qui donnait sur le jardin. L’air, la lumière, les beaux rayons du soleil couchant y arrivaient par cinq petites fenêtres festonnées de verdure. Au fond, deux lits derrière de gais paravents chinois. Son atmosphère pure était délicieuse à respirer. Près d’une des fenêtres, deux bébés en robes blanches, ceintures roses, éblouissants de propreté, les cheveux bouclés à la brosse, étaient assis devant des bols de pain et de lait fumant, l’éleveuse, en blanc aussi, les faisait souper. Des cris