Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/110

Cette page n’a pas encore été corrigée

9i, L ILE INCONNUE.

Dans la nursery, on enseigne aux enfants anglais le respect de la liberté d’autrui, de la hiérarchie, des lignes de démarcation établies pour le bon ordre de la société. Ils apprennent où est leur place et ils s’y tiennent. Ils ne songent pas à envahir le quartier de leurs parents, ils considèrent comme une faveur d’y être admis à certaines heures. En revanche, dans le couvain, ils se sentent chez eux, ils vous y invitent et vous y reçoivent avec une extrême gentillesse. Là, ils vivent leur propre vie et non celle des grandes personnes. Cette vie où il n’y a que des jouets, des animaux, des fleurs, des contes et des chansons garde une pureté exquise. Le temps de la nursery marque une époque bien distincte dans la vie de tout Britisher et souvent la pensée de l’homme d’Ëtat, de l’homme d’affaires y retourne pour s’y rafraîchir.

En Angleterre, où comme je l’ai dit, on aime l’espèce, le petite monde compte pour quelque chose. On s’y intéresse passionnément. Des légions de femmes travaillent à l’amuser et à l’instruire. Il a une brillante littérature, une foule de journaux illustrés, de « magazines ». Punch, le célèbre satirique, a pour lui une tendresse particulière. Miss Baring a écrit pendant une année dans une revue dominicale la page destinée aux enfants, qu’elle signait « Tante Cécile ». Le nombre de lettres qu’elle recevait de ses petits lecteurs l’a obligée à abandonner sa tâche ; elle n’y pouvait suffire. Elle a conservé bon nombre de ces lettres et je les ai parcourues avec un profond attendrissement. Chers bébés ! Ils racontaient leurs chagrins réels ou imaginaires. L’ne fillette présentait sa poupée favorite et demandait des conseils pour