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pective d’aller un peu dans le monde : il s’imaginerait que je suis capable de me laisser entortiller par quelque Français et je n’aurais plus un moment de tranquillité.

Madame Ronald avait tiré, d’un coffre-fort dissimulé dans un meuble élégant, sa boîte à bijoux. Elle promena, pendant quelques instants, ses doigts effilés parmi les gemmes étalées sur le velours blanc, puis elle choisit un splendide collier composé de perles et de diamants. Lorsqu’elle l’eut attaché à son cou, elle se tourna vers mademoiselle Carroll :

— Suis-je bien ainsi ? demanda-t-elle.

— Vous êtes adorable ! répondit la jeune fille avec un accent de sincérité. — A côté de vous, j’ai l’air d’une araignée ! ajouta-t-elle en venant se placer devant une des grandes glaces.

Et la glace refléta un corps mince et élégant aux lignes bien modernes, vêtu de soie blanche, une tête fine et brune, un visage aux traits un peu aigus, un teint un peu noiraud, mais embelli par des yeux merveilleux, où la vie rayonnait en des prunelles claires d’un bleu gris et dont le regard filtrait entre des cils presque noirs, épais et frisés.

— Je ne devrais jamais me risquer dans votre voisinage ! fit Dora en remontant son haut collier de petites perles.

— Ne dites pas de sottises : vous ne voudriez changer de physique ni avec moi, ni avec personne… et vous auriez bien raison !… Allons rejoindre ces messieurs. J’espère que Jack ne sera pas de trop méchante humeur et ne gâtera pas notre soirée.

Au premier coup d’œil, les deux femmes devinèrent que M. Ronald n’avait pas réussi à infuser la résignation dans l’esprit du jeune homme :