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suis réellement fatiguée, énervée au dernier point, je me sens devenir tout à fait désagréable. Pour ce mal-là, il n’y a que l’Europe.

— Évidemment ! Toutes les deux, nous nous porterons beaucoup mieux quand nous aurons dépensé quelques miÛiers de dollars en bibelots et en chiffons, visité quelques églises, quelques musées, passé cinq ou six mois dans des appartements d’hôtel plus ou moins laids, plus ou moins confortables… Je compte bien, pourtant, que nous varierons un peu le programme. D’abord, nous emporterons nos bicyclettes pour faire des excursions à droite et à gauche ; puis votre frère nous conduira dans les petits théâtres, au café-concert, au Moulin-Rouge, chez Loiset ! Toutes nos amies y sont allées. Il paraît que c’est l’endroit le plus choquant de Paris… et ce que j’ai besoin d’être choquée !

— Il n’est pas dit que Charley veuille nous conduire dans ces endroits-là.

— Eh bien, nous l’y conduirons, nous ! répondit bravement la jeune fille.

— J’espère que cette fois-ci, — fit Hélène, — les Kéradieu et les d’Anguilhon seront à Paris. A mes voyages précédents, je les ai toujours manques. Cela a été comme un fait exprès. Avec deux amies mariées au faubourg Saint-Germain, je n’ai jamais ti l’intérieur d’un hôtel français.

— Et moi qui ai eu le guignon de ne pas me trouver à Newport, l’été dernier, pendant que ce fameux marquis d’Anguilhon y était !… Croyez-vous qu’Annie nous invitera ?

— Sûrement.

— Quel bonheur ! Mais, pour l’amour de Dieu, ne dites pas devant Jack que nous avons la pers-