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ment, — ah ! tant mieux ! nous allons joliment nous amuser !

— Merci, fit M. Ronald d’un ton sec. — Je vais retrouver Jack, ajout a-t-il en se levant, et lui dire qu’il fera bien de vous accompagner.

Dora sauta sur ses pieds, et, par un bond de chatte, elle arrêta son oncle.

— Non, non, je vous en prie ! dit-elle en le retenant par les revers de son habit. — Ce serait une vengeance mesquine, indigne d’un grand homme comme vous. — Je vous aime tout plein, vous savez, mais vous êtes un peu un empêcheur de danser en rond et je veux jouir de mes derniers mois de liberté. Après cela, je reviendrai me placer dans le brancard du mariage. Vous verrez comme je trotterai droit et sans broncher aux côtés de M. Ascott !

L’image de Dora trottant droit et sans broncher aux côtés de M. Ascott amena un sourire sur les lèvres du savant. Il ne résistait pas mieux qu’un autre aux bouffonneries de sa nièce.

Elle vit qu’il était à demi désarmé et, pour achever sa victoire, elle lui passa son bras droit autour du cou.

— Soyez bien gentil, — dit-elle en l’accompagnant jusqu’à la porte ; — allez pacifier Jack et tâchez de le remettre de bonne humeur. Faites-le pour l’amour de Dody ! — murmura-t-elle, en appliquant sur sa joue un baiser sonore de petite fille. — Et de deux ! — fit-elle en se jetant dans le fauteuil de son oncle. — Ah ! que la vie est dure !

— C’est Jack qui aurait le droit de dire cela, — répondit madame Ronald en souriant, — vous agissez mal avec lui. Je ne crois pas que vous ayez l’intention de l’épouser jamais.