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à notre niveau, mais le dévouement et l’abnégation. Et voulez-vous que je vous dise ? Ce sont ces vertus qui donnent son charme à l’Européenne et qui font sa supériorité.

— Ah bah ! vous croyez ? Si j’en étais sûre, je me mettrais bien vite à les pratiquer.

— Cela vous serait difficile, car vous êtes absolument gâtée par trop de liberté et trop de bonheur. L’automne dernier, vous avez pris le prétexte de votre santé — qui ne laissait rien à désirer — pour remettre votre mariage ; ce printemps, vous trouvez celui de la santé de votre mère. Si vous n’aimez pas assez Jack pour l’épouser, rompez avec lui. Soyez honnête, que diable !

— C’est bien ce que je m’efforce d’être, mon bon oncle. J’aime M. Ascott, je n’ai jamais rencontré personne qui m’ait plu davantage ; je ne voudrais le céder à aucune femme, mais voilà !… je ne me sens pas tout à fait mûre pour le mariage. Il me faut encore un petit tour en Europe. J’y vais uniquement pour atteindre le degré de perfection nécessaire au bonheur de Jack. Si ce n’est pas de l’amour et de l’honnêteté, cela, je ne m’y connais pas !… Une fiancée retour d’Europe, c’est comme du bordeaux retour des Indes… Plaisanterie à part, je n’aurais jamais pu me résigner à me marier en votre absence ; j’aurais eu l’air trop orpheline.

Hélène se mit à rire.

— Ah ! vous êtes bien bons tous les deux !… Henri vient de m’annoncer qu’il ne peut s’absenter cet été, et une des raisons qu’il me donne pour ne pas m’accompagner est justement votre mariage.

— Quoi ! Henri ne vient plus en Europe ! — s’écria mademoiselle Carroll avec un subit rayonne-