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auprès de la table de toilette, mais à contrejour.

— Eh bien, ma chérie, vous êtes-vous amusée aujourd’hui ? demanda-t-il avec une expression de grande bonté.

— Assez. Le déjeuner de madame Barclay a été très brillant, très gai… un succès…

— Vous avez dit beaucoup de mal des hommes ?

— Nous n’en avons pas parlé.

— C’est pire ! fit M. Ronald en souriant.

— Nous avons discuté une foule de questions intéressantes… Des Européennes ne sauraient imaginer comme c’est agréable, un déjeuner de femmes.

— Elles n’ont pas encore appris à se passer de nous.

— Tant pis pour elles ! répliqua Hélène avec une expression qui tempérait l’impertinence de sa réponse.

— Nous avons eu une belle séance d’ouverture, à notre congrès.

— Ah !

— Rauk, de Boston, a prononcé un discours remarquable. Il a passé en revue les découvertes de la chimie moderne et fait pressentir celles de l’avenir ; il a retracé le rôle et la mission des hommes de science. Je n’ai jamais rien entendu de plus magistral.

Hélène avait tranquillement suivi le fil de ses pensées.

— Imaginez, dit-elle, que madame Barclay, à son déjeuner, inaugurait un service en cristal de Bohême taillé sur ses propres dessins, une nappe et des serviettes brodées à Constantinople par des femmes syriennes.