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J.-A.-D. INGRES

Il faut placer aux alentours de 1840 le portrait que Ingres fit de M. Gavé, Directeur des Beaux-Arts, et, vers 1845, celui de Mme Gavé — veuve en premières noces du peintre Clément Boulanger — à qui l’on doit la méthode pour apprendre le dessin, qui porte son nom. Le musée Ingres possède un crayon d’après le portrait peint de M. Gavé. Ce n’est qu’une tête, mais vivement enlevée : une animation intelligente éclaire le visage bienveillant et doux. La distinction et la grâce d’un élégant profil : c’est tout le portrait de Mme Gavé, hardiment dessiné, peint d’un jet.

Depuis 1834, Ingres s’était tenu à l’écart des Salons. Il n’y voulait pas reparaître et il n’y reparut pas une seule fois, si l’on considère que l’Exposition Universelle de 1855 dépassait singulièrement les proportions d’un Salon. En 1846, il accepta de figurer à l’exposition des galeries Bonne-Nouvelle, pour l’unique raison qu’elle était organisée au profit des artistes. On y vit onze tableaux : Œdipe et Stratonice, que prêta la duchesse d’Orléans ; le Pape Pie VII tenant chapelle, l’Odalisque, Philippe V et le maréchal de Benvick, Francesca da Rimini, du cabinet Turpin de Grissé ; Charles V et les portraits du marquis de Pastoret, de Bertin, du comte Mole, de la vicomtesse d’Haussonville. On pouvait donc suivre Ingres, dans son unité parfaite, depuis 1807 jusqu’en 1845, par quelques-unes de ses œuvres les plus caractéristiques. Le bruit des grandes batailles d’autrefois s’était atténué. Ingres vivait en pleine gloire, sinon accepté par tous, du moins tenu pour une personnalité si considérable, qu’il eût été vain désormais de la discuter avec âpreté. Cependant, toute la critique

PORTRAIT DE Mme VICTOR MOTTEZ (1844). Mine de plomb. — Collection Haro.