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vrer. Alors (H) on arrivera à la hauteur sublime du Tao. Cette interprétation se retrouve dans plusieurs autres commentaires estimés. Suivant quelques commentateurs, l’auteur parle ici des fausses lumières de l’esprit, qui entraînent l’homme dans l’erreur et le désordre. Il faut les expulser de notre âme , de peur qu’elles ne deviennent une cause de maladie morale, capable de détruire la pureté de notre nature. D’autres interprètes, comme Pi-ching, cité plus haut, H et B, prennent le mot lumières en bonne part, et pensent que Lao-tseu conseille de les expulser, afin que l'âme soit entièrement vide.


(6) E : Les portes du ciel tantôt s’ouvrent, tantôt se ferment. Lao-tseu veut dire que, « lorsqu’il faut s’arrêter, il s’arrête ; lorsqu’il faut marcher (agir), il marche. » Le mot « femelle, » indique le repos ; il répond au mot he « se fermer. »

Ibid. Telle est la voie du saint homme. Quoiqu’on dise que tantôt il se meut, tantôt il reste en repos, cependant il doit prendre la quiétude absolue pour la base de sa conduite. Lorsque le saint homme dirige l’administration du royaume, il n’y a rien qu’il ne voie à l’aide de sa pénétration profonde. Cependant il se conforme constamment aux sentiments et aux besoins de toutes les créatures. Il fait en sorte que les sages et les hommes bornés se montrent d’eux-mêmes, que le vrai et le faux se manifestent spontanément ; et alors il ne se fatigue pas à exercer sa prudence. Les empereurs Yu et Chun suivaient précisément cette voie lorsqu’ils régnaient sur l’empire et le regardaient comme s’il leur eût été absolument étranger.


(7) Il n’y a que le saint homme qui puisse paraître ignorant et borné, lorsqu’il est arrivé au comble des lumières et du savoir. C’est ainsi qu’il conserve ses lumières, de même qu’un homme opulent conserve ses richesses en se faisant passer pour pauvre.


(8) Il est difficile de dire quel est le sujet de ces huit verbes sing-tchi 生之, etc. Suivant A, c’est le Tao, suivant B, c’est le